Abonnement 5 livres “à la carte”

L’idée nous est venue de proposer une nouvelle sorte d’abonnement, — un abonnement transversal.

Nous expliquons en détail pourquoi ici.

Bien sûr, on peut toujours acheter, pour 100 € (tout frais compris — et 110 € pour les pays de l’UE), les cinq livres de la saison 1 et ceux de la saison 2, mais, on peut aussi, dorénavant, les mélanger : vous pouvez vous faire votre propre cycle de cinq livres. Construire, en quelque sorte, votre propre maison chez nous, pour les mêmes 100 €, frais de poste compris.

Merci de choisir 5 livres en indiquant le nombre d’exemplaires de chaque livre souhaité.

100,00

18,00
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24,00
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Maison dans la maison
l’abonnement à la carte
une lettre, encore une fois, très longue

Nous parlons de Mesures, nous parlons d’une maison. Une maison qui, je l’espère, nous ressemble ; dans laquelle nous sommes entièrement libres de tout, — des textes jusqu’au format, à la maquette (préparée par Françoise) jusqu’au choix du papier. La lancer, cette maison, c’était vous inviter, vous, lecteurs, chez nous. Je dis ça souvent. Et puis, soudain, je réalise quelque chose : en fait, ce thème de la maison… il n’est pas seulement présent dans la « maison » d’édition elle-même, dans son idée et sa réalisation, mais, littéralement, dans chaque titre. Je veux dire que les dix livres, ensemble, racontent une histoire, ou, disons, composent un tableau.

La première année de Mesures avait été centrée sur la publication de quatre livres d’un grand cycle de Françoise, Sur champ de sable – les quatre saisons d’une vie, j’’en ai parlé souvent, mais c’est aussi — et peut-être surtout — l’histoire de la maison natale, qui est, sans doute, le personnage principal d’un récit dans lequel la narration se fait, justement, sans désigner aucun personnage — sans personne qui dise « je », ou qui soit même nommé, et sans désigner aucun action, sinon celle, toute anonyme, et impersonnelle, du temps qui passe. Et c’est ce qui fait que cette suite, apparemment, lyrique, est, dans son essence, épique, parce que les deux entités de l’épopée moderne y figurent comme des forces essentielles, motrices : la maison et le temps. Il s’agit, oui, d’un livre à l’autre, non seulement de l’enfance, de l’adolescence, de l’âge adulte et d’un quatrième temps qui n’est pas celui de la vieillesse mais celui de la reprise en miroir d’un parcours de vie, mais réellement, de la vie dans une maison (très concrète, décrite, de texte en texte, par des quantités de détails devenus, pour la conscience, éternels), et de son départ, de sa vente.

« La maison et le temps » — c’est aussi une expression de Guennadi Aïgui.

Nous avons publié Le Dernier départ de Guennadi Aïgui, sur Wallenberg et la déportation des Juifs de Hongrie, et, au centre, il y a cette « rambarde rouge du balcon/auprès des azalées » — façon stupéfiante de dire que la maison est là, mais pas les premiers propriétaires, qui, eux, ont été envoyés dans l’espace sans maison, dans les « constructions éternelles pour les Cheveux et les Fours ». — Ce poème, absolument extraordinaire, nous venons, donc, de le rééditer. Le Dernier départ justement, c’est un départ, oui… une forme atroce de la disparition.

Mais regardez aussi les livres de cette année :
La vie de l’homme de Léonid Andréïev, qu’est-ce qu’est ? C’est une pièce qui raconte — au niveau de l’intrigue — l’histoire d’un architecte brillantissime qui, miséreux, avec sa jeune épouse, dans une chambre misérable, va construire, en particulier, sa maison, et qui monte au plus haut, et puis qui va tomber, la maison se vide (faut-il que je vous raconte l’histoire ? non), ou pas se vider, mais se remplir de rats et de fantômes, et, à la fin, il sera sans chez lui, dans une taverne, où il mourra… Comment habiter un monde, quitte à se le construire, le remplissant de ses propres couleurs, quand le monde est mu par une force indifférente représentée par « l’Etre en gris » ?…

Puis, il y a les Poèmes et proses de Daniil Harms — mais comment lire Harms sans se représenter, justement, les appartements communautaires qu’il n’arrête pas de décrire dans ses textes « absurdes » — absurdes, peut-être, au sens de « sans lieu ». Absurde au sens de sens aucun foyer, sans aucune empathie, — comment lire ses textes sans sentir qu’ils sont comme l’étape ultime de la vie décrite par Boulgakov : non seulement sans vie privée, mais, à l’intérieur des personnages, sans aucune personne, sans aucune empathie, avec juste l’accumulation des actions répétitives de ce qui pourrait être un autre « Être en gris » ? Regardez les textes que je publie dans ce livre (des textes que j’ai traduits, donc, sur près de trente ans, pour le théâtre, même s’ils se présentent comme de petits proses ou de petits poèmes), et faites attention à ça : aux notations d’appartements, de lieux de vie. — Moi-même, je n’y avais pas fait attention.

Et puis, regardez Iliazd — ces poèmes grandioses, aériens, cette alternance de textes écrits dans une langue qui d’aucune langue, le zaoum, — juste, on dirait, un agencement de sons — et les sonnets, et demandez-vous ce que c’est, un sonnet, et regardez la structure, pour encercler le temps, pour vivre, réellement, sans aucune maison sur terre, sans aucun pays, puisque cette poésie est celle de l’exil absolu — ni les montagnes de Géorgie, ni la Russie, ni l’Espagne, ni la France, — et, là aussi, ces notations des « appartements vides » , ces notations de froid. La maison réelle, chez Iliazd, c’est cette parole aérienne, — à la fois aérienne et pesante, — c’est la poésie elle-même, pour encercler le temps. Relisez ça, je vous jure, vous verrez : une fois qu’on le remarque, c’est tout à fait bouleversant.

Et où est la maison dans les Contes de Bretagne que Françoise propose cette année — un livre qui permet de réfléchir sur l’élaboration du conte populaire ? Là encore, elle est partout. Et je ne parle pas seulement du motif de la maison dans les contes populaires (vous verrez), mais aussi du fait que la collecte de François-Marie Luzel qui sert de base au livre, à l’occasion du bicentenaire de la naissance de ce républicain, honni par les nationalistes d’alors et d’aujourd’hui), cette collecte, donc, d’abord, c’est aussi la collecte de sa sœur, Perrine, qu’on avait toujours effacée dans l’ombre de son frère (comme d’habitude), — c’est celle de Perrine parce que c’est Perrine qui tient la maison, et que c’est une collecte de maison : les contes « bretons » de Luzel, ou ses chansons, ce sont les chansons de Bretagne en tant qu’ils sont ceux du terroir, d’un territoire de, disons, vingt kilomètres autour de la maison natale de Keramborgne, au Vieux-Marché (ou Plouaret), et pourtant ces chansons et ces contes sont vraiment ceux de la Bretagne tout entière, parce qu’ils sont donnés par des errants, et en particulier des mendiantes comme Marguerite Philippe qui marche à travers toute la Bretagne pour exercer son métier : pèlerine par procuration (vous verrez dans la préface de Françoise). — Une maison, oui, qui est le lieu du monde entier.

Et qu’est-ce que La Fin de Casanova sinon le « dernier départ » de Casanova, — dans la nuit, hors du Château de Dux ?…

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Dix livres, dix façons de parler de la maison et du monde.

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Du coup, l’idée nous vient de proposer une nouvelle sorte d’abonnement, — un abonnement transversal. Bien sûr, on peut toujours acheter, pour 100 € (tout frais compris — et 110 € pour les pays de l’UE), les cinq livres de la saison 1 et ceux de la saison 2, mais, on peut aussi, dorénavant, les mélanger : vous pouvez vous faire votre propre cycle de cinq livres. Construire, en quelque sorte, votre propre maison chez nous, pour les mêmes 100 €, frais de poste compris.

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