Né en 1906 à Pétersbourg, Daniil Youvatchov choisit très tôt le pseudonyme de Harms (qui tient à la fois du Charme — carmen — et du harm britannique). Il commence son activité littéraire au sein des derniers groupes d’avant-garde encore autorisés par le nouveau régime soviétique et fonde avec ses amis comme les poètes Alexandre Vvédenski ou Nikolaï Zabolotski, l’Obériou (Union de l »art réel) qui revendique un art libre et le droit d’écrire en dehors de la doctrine du pouvoir. Très vite, pourtant, toutes leurs activités sont interdites et Harms ne publiera dans sa vie que deux ou trois poèmes. Arrêté une première fois en 1931, il revient à Léningrad mais ne peut plus vivre que d’expédients. Il poursuit une œuvre dont il sait qu’elle ne peut être que clandestine, et qu’elle peut donc être libre de toute auto-censure.
Ses textes, par leur absurdité même, sont devenus l’expression la plus fidèle, et la plus terrifiante, sans doute, de son temps — celle d’un monde d’une violence absolue, où la vie ne tient que de l’anecdote, et l’anecdote même devient métaphysique.
Arrêté une nouvelle fois en août 1941, il meurt de faim, pendant le Blocus de Léningrad, dans la section psychiatrique de la prison dans laquelle il est détenu. Ses textes, sauvés les par son épouse, Marina Malitch et son ami Lev Drouskine dans un immeuble détruit par les bombardements, seront diffusés peu à peu, et toujours sous le manteau, au cours des années 60 et 70 en même temps que des dizaines d’apocryphes. Les premières éditions scientifiques de son œuvre, qui comprend des traités philosophiques, des nouvelles, des proses courtes et des écrits en vers, sans compter ses journaux intimes, n’ont pu voir le jour qu’à la fin du XXe siècle.
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