En 1928, Ossip Mandelstam (1891-1938) avait été accusé à tort de plagiat pour une traduction. Il demanda justice et ne trouva qu’indifférence et lâcheté.
Au-delà de ce sinistre épisode, si révélateur du fonctionnement de la machine à broyer qu’était devenue l’institution littéraire de la nouvelle URSS, au-delà même des réflexions sur le monde de l’édition, La Quatrième Prose, que Mandelstam écrivit entre 1930 et 1932 (sans, bien sûr, le moindre espoir de publication), donne à comprendre à quel feu se forge le pouvoir de résistance de la poésie.
C’est à partir de La Quatrième Prose, quand il comprit qu’il ne pouvait avoir aucun rapport avec le monde littéraire soviétique, que Mandelstam se remit à écrire de la poésie. Il n’en avait plus écrit depuis 1925. C’est dans La Quatrième Prose que Boulgakov trouve la langue du personnage central du Maître et Marguerite.
André Markowicz