Les éditions Mesures ont cinq ans. Nous lançons notre cinquième abonnement. D’un côté, c’est très peu ; de l’autre, pour nous, c’est incroyable. Je dis souvent que mon seul regret est de ne pas avoir commencé plus tôt, mais c’est un regret inutile ; avant, il n’y aurait pas eu de raison véritable de se lancer dans une aventure qui se situe hors de l’édition traditionnelle : une édition directe, en lien direct avec les lecteurs, les libraires, l’imprimeur… Cinq livres par an dont nous sommes entièrement responsables – du choix des textes au format, de la rédaction au choix du papier, de l’illustration au prix. Cinq livres par an qui ne séparent pas prose, poésie, théâtre, traduction et écriture personnelle, textes anciens ou textes contemporains. Des livres à tirage limité, signés et numérotés, qui arrivent au lecteur soit par des libraires qui prennent le risque de les acheter en vente ferme, soit par cette espèce d’AMAP qu’est l’abonnement à l’année (avec cinq livres dont le lecteur ne connaît, en général, que les titres) soit « à la carte », c’est-à-dire en choisissant cinq livres parmi tous ceux de notre catalogue.
Chaque livre de notre maison fait écho aux autres, et tous forment comme une constellation qui s’élargit.
Pour la cinquième année aussi, nous vous proposons cinq livres que, si vous vous abonnez, nous vous enverrons au cours de l’année 2024, et que vous pourrez aussi acheter séparément sur notre site et chez tous les libraires.
Deux livres de Françoise : L’Amour des trois oranges et sa traduction du Dit de la grièche d’hiver et autres poèmes de l’infortune de Rutebeuf.
Trois livres que j’ai traduits : Les Élégies du nord d’Anna Akhmatova, Le Roi Famine de Léonid Andréïev et La Caverne d’Evguéni Zamiatine.
L’AMOUR DES TROIS ORANGES
« Après avoir passé des années à éditer des contes », écrit Françoise, « à en écrire, en traduire, en dire pour les adultes ou pour les enfants, force m’a été de constater que ce travail était perdu. Or, cette constatation m’a fait prendre conscience du fait que ce qui m’avait intéressée dans cette longue recherche était la poésie du conte. » L’amour des trois oranges », « Les femmes cygnes », « Le renard de cendre », « Les sept corbeaux », « La silienne » et tant d’autres contes forment la trame sur laquelle s’inscrivent les quatre volumes de Sur champ de sable.
Pourquoi ne pas rassembler contes et poèmes en laissant résonner leurs échos ? Ce livre d’adieu ferait ainsi le lien avec d’autres livres qu’il aurait été impossible de publier ailleurs qu’aux éditions Mesures, Sur champ de sable et les Contes de Bretagne. »
RUTEBEUF : LE DIT DE LA GRIÈCHE D’HIVER ET AUTRES POÈMES DE L’INFORTUNE
« Si Rutebeuf, qui vécut au XIIIe siècle, est à présent connu, c’est pour sa « Complainte » rendue célèbre dans le monde entier par Léo Ferré,
« Que sont mes amis devenus/ Que j’avais de si près tenus/ Et tant aimés ? »
Or, autour de cette complainte s’assemble tout un cycle de poèmes aussi bouleversants, « Le dit de la Grièche d’hiver », « Le dit de la grièche d’été », « Le dit des ribauds de Grève », « La repentance Rutebeuf », « La pauvreté Rutebeuf »…
J’ai traduit ces « poèmes de l’infortune » en respectant leur forme comme dans le cas La Folie Tristan traduite pour les éditions Mesures.
Les images de Christian Olivier et Lionel Le Néouanic répondent à ce récit des temps noirs qui pourrait tout entier être mis en musique. »
ANNA AKHMATOVA : LES ÉLÉGIES DU NORD
Les Élégies du nord forment un des trois cycles essentiels d’Akhmatova (1889-1966) qui est une des plus grandes voix de la poésie du XXe siècle avec son Requiem et son Poème sans héros.
C’est un cycle auquel elle aura travaillé pendant cinquante ans, de 1914 à 1964.
Tous les poèmes de ce cycle, achevés ou délibérément laissés sous forme fragmentaire, sont ici rassemblés pour la première fois dans une traduction qui en respecte la forme et, donc, la mémoire.
Il s’agit de poèmes qui sont parmi les plus beaux qu’Akhmatova ait écrits.
LÉONID ANDRÉÏEV : LE ROI FAMINE
Après La Vie de l’Homme, après Ékatérina Ivanovna et Requiem, nous publions une quatrième pièce de Léonid Andréïev, Le Roi Famine, publiée en 1908. Une pièce d’une noirceur absolue dont la trame est la révolte désespérée, impitoyable, des « crève-la-faim » poussés et trahis par un personnage étrange, à la fois provocateur, cynique et empathique, Le Roi Famine. Une pièce interdite à la mise en scène du vivant de son auteur mais qui scella la rupture d’Andréïev avec le camp révolutionnaire, indigné par son pessimisme.
Nous publions cette pièce avec les splendides illustrations de l’édition originale d’Evguéni Lanceray et un choix d’esquisses de Serguéï Eisenstein réalisées en 1921 pour une mise en scène qui, elle aussi, allait être interdite.
Cette pièce, au moment où nous la publions, prend un sens encore plus grave et plus tragique.
EVGUÉNI ZAMIATINE : LA CAVERNE ET AUTRES TEXTES DE LA GUERRE CIVILE
Evguéni Zamiatine (1884-1937) est un auteur encore peu connu en France. Il compte pourtant au nombre des écrivains essentiels du XXe siècle russe.
J’ai choisi de rassembler ici des textes écrits durant la guerre civile de 1918-1921, période au cours de laquelle il écrivit son roman d’anticipation Nous.
À ces chefs-d’œuvre que sont « Le Nord » ou « La Caverne » , j’ai joint deux textes inédits en français, ses souvenirs (sur Alexandre Blok) et une pièce historique, qui se situe dans l’Espagne de l’Inquisition, sous Philippe II, Les Feux de saint-Dominique.
Ce sont tous des textes de résistance contre la dictature bolchévique, des manifestes, héroïques, pour la liberté de penser – dans une pays où s’installait une terreur dont les conséquences se font encore sentir cent ans après.
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Cinq livres, si divers et pourtant liés, qui prolongent une expérience de liberté gagnée malgré les aléas et les difficultés économiques.
En dépit de l’augmentation (plus de 100%) du prix du papier et des tarifs postaux (elle aussi considérable), nous maintenons notre abonnement au prix initial de 100 € pour la France métropolitaine. Il est à 120 € pour la zone euro et à 150 € pour tous les autres pays du monde.
André Markowicz, novembre 2023.